Notre dépendance au pétrole n’a jamais été aussi grande alors que les réserves sont limitées dans le temps. Que se passerait-il alors si le pétrole disparaissait d’un seul coup ? Des alternatives sont-elles disponibles immédiatement ? Notre civilisation serait-elle en panne sèche ? Ce scénario improbable d’une fin immédiate du pétrole permet de mettre en lumière à quel point cette source d’énergie fossile est vitale pour notre société.
Avec 31,9 % de l’énergie primaire consommée en 2016, le pétrole est la source d’énergie la plus utilisée dans le monde devant le charbon (27,1 %) et le gaz naturel (22,1 %) ; sa part a fortement reculé : elle atteignait 46,2 % en 1973. Cependant, il est un des piliers de notre économie industrielle. Il fournit la quasi-totalité des carburants liquides — fioul, gazole, kérosène, essence, GPL. Un très grand nombre de matériaux usuels est également produit à partir de dérivés du pétrole : plastiques, textiles synthétiques, caoutchoucs synthétiques, détergents, adhésifs, engrais, cosmétiques, bitumes, paraffines et lubrifiants.
La fin du transport moderne
Le pétrole est la source d’énergie de la quasi-totalité des transports routiers, aériens et maritimes. Or, les stocks de pétrole disponibles pour faire face à un cas d’interruption des approvisionnements sont limités. En France par exemple, la réserve stratégique de pétrole représente près de 90 jours de consommation habituelle. L’annonce de la fin du pétrole provoquerait alors une situation de panique. Les stations d’essence seraient prises d’assaut, les prix exploseraient. Et, même si le carburant était conservé pour les besoins vitaux des êtres humains, son stockage a aussi ses limites, car il n’est pas conçu pour garder ses propriétés durant une longue période.
La pénurie alimentaire dès le premier jour
La mondialisation économique telle que nous la connaissons ne peut pas exister sans pétrole. Toutes les chaînes logistiques et d’approvisionnement s’arrêteraient rapidement. Les produits frais seraient les premiers impactés, car ils sont extrêmement dépendants du transport routier. Le manque de nourriture surviendrait en premier dans les villes, alors que les campagnes pourraient mieux résister à la pénurie grâce à la production agricole locale. Cependant, sans pétrole pour transporter leur alimentation, de nombreuses bêtes d’élevage mourront de faim en quelques jours ou semaines.
Une crise économique sans équivalent
Les revenus de plusieurs pays ne dépendent pratiquement que du pétrole (par exemple 90 % du PIB de l’Arabie Saoudite). La fin du pétrole signifierait leur faillite. Les compagnies pétrolières, qui font partie des plus importantes capitalisations boursières, s’effondreraient. Des pays très fortement exportateurs, comme la Chine ou l’Allemagne seraient durement touchés par une terrible récession économique alors que les pays du tiers monde qui vivent beaucoup plus en autonomie seraient moins impactés.
Une crise énergétique globale
Pour de nombreux pays, sans pétrole, la production électrique est menacée. On observerait des coupures d’électricité un peu partout, car beaucoup de centrales (en Allemagne ou en Chine par exemple) fonctionnent au charbon, une matière première qui doit être acheminée. Les pays qui ont développé des énergies renouvelables seraient moins impactés dans un premier temps. Mais, la construction et l’entretien d’un réseau d’éoliennes nécessitent tout de même du pétrole à plusieurs étapes du processus. La France ne serait pas épargnée, même avec une production électrique issue en grande partie du nucléaire. Là aussi, l’entretien des centrales et l’acheminement régulier du combustible (uranium) ne peuvent se faire sans pétrole.
L’effondrement de notre civilisation
Notre monde n’est pas préparé pour l’instant à vivre sans pétrole. Sans lui, la sécurité alimentaire n’est plus assurée pour une grande partie de la population mondiale de même que la production électrique indispensable pour couvrir la plupart de nos besoins. Plus globalement, l’interdépendance de nos économies est une force avec le pétrole, une terrible faiblesse sans lui. Il faudra alors apprendre à vivre en autonomie et vite trouver des alternatives pour couvrir, au moins, nos besoins primaires.
Les transitions précédentes étaient progressives et évolutives, comme celle qui a permis à l’économie moderne de passer du charbon à l’électricité au début de 20e siècle. Aujourd’hui, l’après-pétrole est surtout vu comme une nécessité, au vu du dérèglement climatique. Le problème n’est plus tant de savoir si nous allons manquer de pétrole, mais plutôt si nous allons réussir à nous en passer.
Les autres questions que se posent les internautes :
Quelles sont les réserves de pétrole mondiales ?
https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/reserves-de-petrole-dans-le-monde
Quels sont les avantages du pétrole ?
Quelle est la durée d’exploitation du pétrole ?
https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/le-cycle-de-vie-du-gisement-d-hydrocarbures