À la radio, la voix off est la preuve sonore la plus rigoureusement humaine. Par la voix, le son de la radio a une forme humaine, un corps. En fait, à la radio, la voix off est le corps ou la chaîne qui exprime un corps qui parle, respire, bouge, s’excite ou s’agite.
La technique vocale peut être apprise et appréhendée de l’extérieur, superficielle, indistincte. Mais la voix, par essence, est comme une maison qui contient la partie la plus intime de nous. Il s’agit d’une construction de matériaux combinables : perceptions, raisons, sentiments, imagination et expérience. Et l’exercice de la sensibilité fera ressortir ce qui est propre, ce qui est singulier, ce qui est différent.
La sensibilité d’une voix
La sensibilité de la voix off radio consiste à utiliser la voix comme un canal pour les sens. La sensibilité vocale ne se réfère pas à la simple utilisation du mot en tant que concept mais à l’acte de parler, de découvrir les sons des idées à partir des mots, de la ponctuation, de l’illustration, des dessins… qui rendent l’acte de dire des mots créatif et très agréable.
La sensibilité de la voix off implique un engagement avec ce qui est dit car parler n’est pas remplir des espaces vides mais s’exprimer et se donner à l’acte de communiquer avec tout son corps. C’est parler, lire dans une autre dimension, avec un autre regard. C’est celui qui comprend et découvre dans les textes autres choses c’est-à-dire ce qui n’est pas écrit mais suggéré
Le pouvoir de la voix off radio
Le pouvoir créatif de la voix en tant que transmetteur d’images nous permet, avec ce seul instrument, de placer l’auditeur dans le studio de radio, dans un bar bondé ou en plein air dans un aéroport, même sans le support d’effets sonores ambiants. Un grand défi. La voix off construit l’environnement à travers les images sensorielles que cet environnement produit dans le corps de l’orateur. J’entends le bruit des avions, je vois la piste, je sens le vent, etc.
La diversité des voix off
La voix off peut être dynamique, nuancée et peut bouger, se transformer et évoluer. Il suffit d’entendre d’autres voix pour percevoir cette multiplicité. En ce sens, les archives sonores contenant des voix du passé et du présent contribuent à l’éducation de la voix et l’ajout de ces archives aux histoires donne de la richesse et de la diversité à l’écoute.
En même temps, la connaissance et la bonne utilisation de la technologie c’est-à-dire les caractéristiques des microphones, les distances, la projection de la voix, les effets sonores, etc. procurent un important outil en complément d’une voix off.
Le temps et la voix off
Les pauses (bien placées, guidées par des points et des virgules, placées de façon rigoureuse dans le texte) acquièrent une valeur fondamentale dans la compréhension du lecteur et de l’auditeur. Mais le point si respecté de la lecture n’est pas seulement le temps de respirer, de se reposer, d’avoir des idées proches mais c’est un temps d’action, de silence pour préparer la réaction, ce qui va venir, l’inattendu.
Il n’est pas superflu d’ajouter qu’un texte écrit pour être « dit » à la radio facilite la narration puisque, en raison des caractéristiques temporelles que nous venons de mentionner, la radio est un média oral et ceux qui parlent à la radio ont le très riche potentiel de l’oralité : que l’auditeur soit présent au même moment où l’histoire est racontée et que, tous deux, narrateur et auditeur, partagent en même temps le sentiment magique d’être à l’endroit où se trouve l’histoire.